B. Home. ↔︎ §2.
§ 1.
Avant-Propos.
Ouand je publiai, il y a seize ans, la première
traduction française des œuvres de Spinoza, j’y ajoutai une Introduction
de quelque étendue pour servir de guide au lecteur. Mon but n’était pas
de réfuter Spinoza, mais seulement de l’éclaircir, et comme cette tâche
me semblait déjà assez difficile, je remettais à un autre jour le soin
et le péril d’une réfutation.
Pourquoi ai-je tardé si longtemps à tenir ma promesse? assurément ce n’est point faute d’y avoir pensé. Car depuis les commencements de ma carrière je puis dire que Spinoza et le panthéisme ont été ma plus constante préoccupation. Partout où j’ai eu à porter la parole, j’en appelle à mes auditeurs de l’École normale, du Collège de France et de la Sorbonne, dans tous mes essais d’écrivain, mémoires à l’Institut, articles pour la Revue des Deux Mondes et pour le Dictionnaire des sciences philosophiques y toujours et en toute occasion j’ai signalé les progrès du panthéisme et proclamé l’urgente nécessité de combattre l’ennemi. C’est au point qu’on m’a accusé en souriant de m’inquiéter de Spinoza plus que de raison, et d’être sujet à cette erreur d’optique qui grossit les objets qu’on regarde trop. Je voudrais de tout mon cœur qu’il en fût ainsi et que le panthéisme n’existât que dans mon imagination; mais peut-être les observateurs placides qui me trouvent trop effrayé font-ils comme ces personnes d’humeur prudente qui dans les grands incendies ne manquent pas de dire: ce n’est rien, c’est un feu de paille qui de lui-même s’éteindra. Puis on rentre chez soi pendant queles autres courent au feu.
Quoi qu’il en soit, j’espère au moins que mes sincères inquiétudes et mes longues réflexions me vaudront d’être écouté avec quelque indulgence au moment où je viens enfin présenter au public mes conclusions sur Spinoza.
J’ai conservé de la première Introduction tout ce qui m’a paru irréprochable, non toutefois sans de fortes retouches et de nombreux remaniements. J’ai ajouté un chapitre sur la politique de Spinoza, addition d’autant plus opportune que je complétais en même temps mon travail de traducteur, en donnant le Traité politique omis dans l’édition de 1844 (1).
Dans la seconde partie de l’Introduction nouvelle, j’ai usé librement de tous mes travaux antérieurs; mais je ne me suis pas borné à retoucher et à combiner; j’ai développé et ajouté partout où il a été nécessaire. Ainsi le chapitre sur les origines de la philosophie de Spinoza est entièrement nouveau.
Telle qu’elle est, ainsi agrandie, refondue et complétée, je voudrais croire que cette Introduction critique portera coup contre Spinoza et contre ses nouveaux disciples, et qu’elle servira cette noble cause du spiritualisme à laquelle je m’estime heureux d’avoir voué ma vie, étant chaque jour plus convaincu qu’elle est liée à toutes les meilleures causes de ce monde, à celles de la religion, du droit, de la liberté.
1er décembre 1860.
NOTE
(1) Il n’y a plus en dehors de ma traduction que la Grammaire hébraïque, ouvrage de peu d’intérêt, même pour les philologucs, et le Renati Descartes Principia, qui n’est vraiment pus un écrit original de Spinoza, mais un résumé de la philosophie de Descartes destiné à un jeune écolier.
par Émile Saisset
Avec une introduction critique
Nouvelle Édition, revue et augmenté
Avec une introduction critique
Nouvelle Édition, revue et augmenté
Paris, 1861
TOME I
italiani - inglesi - tedeschi - spagnoli
Internet Archive: Spinoza. |
§ 1.
Avant-Propos.
Testo online. |
Pourquoi ai-je tardé si longtemps à tenir ma promesse? assurément ce n’est point faute d’y avoir pensé. Car depuis les commencements de ma carrière je puis dire que Spinoza et le panthéisme ont été ma plus constante préoccupation. Partout où j’ai eu à porter la parole, j’en appelle à mes auditeurs de l’École normale, du Collège de France et de la Sorbonne, dans tous mes essais d’écrivain, mémoires à l’Institut, articles pour la Revue des Deux Mondes et pour le Dictionnaire des sciences philosophiques y toujours et en toute occasion j’ai signalé les progrès du panthéisme et proclamé l’urgente nécessité de combattre l’ennemi. C’est au point qu’on m’a accusé en souriant de m’inquiéter de Spinoza plus que de raison, et d’être sujet à cette erreur d’optique qui grossit les objets qu’on regarde trop. Je voudrais de tout mon cœur qu’il en fût ainsi et que le panthéisme n’existât que dans mon imagination; mais peut-être les observateurs placides qui me trouvent trop effrayé font-ils comme ces personnes d’humeur prudente qui dans les grands incendies ne manquent pas de dire: ce n’est rien, c’est un feu de paille qui de lui-même s’éteindra. Puis on rentre chez soi pendant queles autres courent au feu.
Quoi qu’il en soit, j’espère au moins que mes sincères inquiétudes et mes longues réflexions me vaudront d’être écouté avec quelque indulgence au moment où je viens enfin présenter au public mes conclusions sur Spinoza.
J’ai conservé de la première Introduction tout ce qui m’a paru irréprochable, non toutefois sans de fortes retouches et de nombreux remaniements. J’ai ajouté un chapitre sur la politique de Spinoza, addition d’autant plus opportune que je complétais en même temps mon travail de traducteur, en donnant le Traité politique omis dans l’édition de 1844 (1).
Dans la seconde partie de l’Introduction nouvelle, j’ai usé librement de tous mes travaux antérieurs; mais je ne me suis pas borné à retoucher et à combiner; j’ai développé et ajouté partout où il a été nécessaire. Ainsi le chapitre sur les origines de la philosophie de Spinoza est entièrement nouveau.
Telle qu’elle est, ainsi agrandie, refondue et complétée, je voudrais croire que cette Introduction critique portera coup contre Spinoza et contre ses nouveaux disciples, et qu’elle servira cette noble cause du spiritualisme à laquelle je m’estime heureux d’avoir voué ma vie, étant chaque jour plus convaincu qu’elle est liée à toutes les meilleures causes de ce monde, à celles de la religion, du droit, de la liberté.
1er décembre 1860.
EMILE SAISSET
NOTE
(1) Il n’y a plus en dehors de ma traduction que la Grammaire hébraïque, ouvrage de peu d’intérêt, même pour les philologucs, et le Renati Descartes Principia, qui n’est vraiment pus un écrit original de Spinoza, mais un résumé de la philosophie de Descartes destiné à un jeune écolier.
Top.
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