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Mainfroy Maignial
La
QUESTION JUIVE
en France
en 1789
Paris
1903
1903
Arthur Rousseau, Editeur
14, rue soufflot et rue toullier, 13
§ 2.
Introduction.
La loi du 21 septembre 1791 consacra l’assimilation des Juifs aux citoyens français. Par ce fait, toute une classe d’individus se vit tout à coup conférer la nationalité française. Ce point nous a paru pouvoir fournir l’objet d’une étude intéressante sur les circonstances qui précédèrent et qui accompagnèrent la loi de 1791.
Mais avant de rechercher comment se fit la réforme de la condition des juifs, il est nécessaire de bien connaître la situation à laquelle cette réforme se proposait de remédier. Qu’était-ce que les juifs? Quel était leur état en France lorsque se posa la question? Cette double recherche est indispensable et préliminaire à notre étude.
La situation exceptionnelle qu’avaient chez nous les juifs à la fin du xviiie siècle, avait été lentement élaborée par les mœurs et par les lois de l’ancienne France. En 1789, les juifs qui résidaient sur notre territoire se trouvaient être le résultat d’une formation très complexe. Elle avait simultanément revêtu, depuis le vie siècle jusqu’à la fin du xviiie, un triple caractère: économique, politique et moral. Cette diversité d’origines de la condition des juifs répondait aux intérêts que mettaient enjeu leur présence même au sein de la société. A tort ou à raison, l’ancienne société française avait vu, dans les juifs, un élément contraire à l’intérêt économique, à l’intérêt politique, à l’intérêt moral du pays. Elle s’appliqua à neutraliser leur influence à ce triple point de vue. Elle le fit par l’intermédiaire des pouvoirs sociaux qui avaient plus spécialement la garde de ces trois intérêts: le peuple, le pouvoir royal, l’Eglise. Chacun d’eux, dans sa sphère économique, politique, morale, fit des juifs ce qui était le plus conforme à l’intérêt dont il avait la défense. L’action de ces trois pouvoirs convergea donc sur les juifs. A eux trois, ils firent leur situation d’exception. Les juifs qui subissaient concurremment cette triple influence, gardèrent de chacun une empreinte propre; à chacune ils durent une part de leur personnalité. Il convient donc pour connaître celle-ci, de faire le départ de ce qu’elle dut à chacune d’elles. Ce sera l’objet d’une triple étude sur: l’action du peuple, l’action du pouvoir royal, l’action de l’Eglise. Cette formation des juifs dans l’ancienne France ainsi mise en lumière, nous examinerons quel en avait été le résultat, c’est-à-dire la condition des juifs au xviiie siècle.
La situation exceptionnelle des juifs à la veille de la Révolution ainsi précisée dans ses origines et dans son dernier état, nous étudierons la réforme dont elle fut l’objet dans une double phase: royale, révolutionnaire. Nous essaierons de déterminer quelle était la position de la question; nous préciserons enfin quels étaient les intérêts que soulevait la question des juifs.
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Mais avant de rechercher comment se fit la réforme de la condition des juifs, il est nécessaire de bien connaître la situation à laquelle cette réforme se proposait de remédier. Qu’était-ce que les juifs? Quel était leur état en France lorsque se posa la question? Cette double recherche est indispensable et préliminaire à notre étude.
La situation exceptionnelle qu’avaient chez nous les juifs à la fin du xviiie siècle, avait été lentement élaborée par les mœurs et par les lois de l’ancienne France. En 1789, les juifs qui résidaient sur notre territoire se trouvaient être le résultat d’une formation très complexe. Elle avait simultanément revêtu, depuis le vie siècle jusqu’à la fin du xviiie, un triple caractère: économique, politique et moral. Cette diversité d’origines de la condition des juifs répondait aux intérêts que mettaient enjeu leur présence même au sein de la société. A tort ou à raison, l’ancienne société française avait vu, dans les juifs, un élément contraire à l’intérêt économique, à l’intérêt politique, à l’intérêt moral du pays. Elle s’appliqua à neutraliser leur influence à ce triple point de vue. Elle le fit par l’intermédiaire des pouvoirs sociaux qui avaient plus spécialement la garde de ces trois intérêts: le peuple, le pouvoir royal, l’Eglise. Chacun d’eux, dans sa sphère économique, politique, morale, fit des juifs ce qui était le plus conforme à l’intérêt dont il avait la défense. L’action de ces trois pouvoirs convergea donc sur les juifs. A eux trois, ils firent leur situation d’exception. Les juifs qui subissaient concurremment cette triple influence, gardèrent de chacun une empreinte propre; à chacune ils durent une part de leur personnalité. Il convient donc pour connaître celle-ci, de faire le départ de ce qu’elle dut à chacune d’elles. Ce sera l’objet d’une triple étude sur: l’action du peuple, l’action du pouvoir royal, l’action de l’Eglise. Cette formation des juifs dans l’ancienne France ainsi mise en lumière, nous examinerons quel en avait été le résultat, c’est-à-dire la condition des juifs au xviiie siècle.
La situation exceptionnelle des juifs à la veille de la Révolution ainsi précisée dans ses origines et dans son dernier état, nous étudierons la réforme dont elle fut l’objet dans une double phase: royale, révolutionnaire. Nous essaierons de déterminer quelle était la position de la question; nous préciserons enfin quels étaient les intérêts que soulevait la question des juifs.
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