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N. D. L. B. — C’est au Matin du 7-12-20 que nous empruntons ces lignes. Nos lecteurs verront, dans notre prochain numéro, que cette note optimiste est loin d’être justifiée.
L’attitude du Saint=Siège à l’égard du protectorat en Palestine. – Rome, 17 janvier. — Les journaux recommencent à parler de la question du protectorat en Terre-Sainte.
Le Saint-Siège considère la question du protectorat comme dépendante de la situation politique des territoires dans lesquels ce protectorat devrait s’exercer.
Or, la situation politique en Palestine, par exemple, n’est pas encore bien définie, car jusqu’à présent le traité de Sèvres n’a pas été ratifié et le mandat anglais sur ce territoire n’a pas encore été reconnu.
En conséquence, le Saint-Siège, pour ce qui le regarde, n’a introduit aucune modification dans le statu quo ante.
Un Congrès Palestinien. – Un Congrès Palestinien vient de tenir ses assises à Caïffa. Toutes les villes et régions de Palestine y étaient représentées par des délégués élus par la population ou par les associations musulmanes et chrétiennes qui sont organisées un peu partout. Ils sont choisis parmi l’élite et leurs premières délibérations montrent qu’ils ont une conscience très nette de la lourde lâche qu’ils ont assumée et une claire notion de leurs responsabilités envers le pays. Dès la séance d’ouverture ils ont examiné les problèmes essentiels qu’ils ont été appelés à résoudre: la question de l’établissement d’un gouvernement national palestinien, celle de l’illégalité et de l’illégitimité de la Déclaration Balfour, celle de l’organisation de l’opinion publique, ainsi que divers autres problèmes secondaires. Des commissions spéciales ont été formées pour l’étude de chacune de ces questions et chargées de soumettre le plus tôt possible leurs rapports au Congrès. Celui-ci les discutera et transmettra ensuite ses conclusions à la Grande-Bretagne, aux Puissances, ainsi qu’à la Société des Nations, au nom de toute la population de Palestine.
Est-il besoin de rappeler le sentiment, des Palestiniens! Ils n’ont tout d’abord, aucune difficulté à reconnaître que la Grande Bretagne a des intérêts économiques et politiques considérables en Orient. Ils considèrent, que le respect de ces intérêts est une condition nécessaire d’une bonne entente entre Arabes el Anglais et qui sera profitable aux uns et aux autres. Ces points admis, ils font remarquer que la Palestine fait partie intégrante de la Syrie, que l’intérêt économique, politique et social de celle-là exige qu’elle ne soit point séparée de celle-ci, et que si, au point de vue politique et pour des raisons d’équilibre européen, cette division contre nature était inévitable, il faudrait tout au moins que les relations économiques et sociales de ces deux régions fussent ramenées à ce qu’elles étaient avant la défaite de la Turquie. En d’autres termes, ils demandent la suppression de toutes les formalités de passeport et autres tracasseries administratives qui rendent plus difficiles un voyage entre Jérusalem et Damas qu’entre le Caire et la Chine. Ils estiment que la question du foyer national juif en Palestine, si laborieusement enfantée par M. Balfour et ses collègues, ne repose sur aucun droit que celui de la force. Ils protestent et protesteront toujours de toute leur âme contre cette pure spoliation, quels que soient les adoucissements que l’on apportera dans son interprétation. Ils déclarent, que si le mandat britannique est indispensable en Palestine, il devra être conforme à l’esprit et à la lettre de l’article 22 du Pacte de la Société des Nations et, des principes solennellement, proclamés et acceptés par tous les Alliés, et ne point sortir des limites d’une collaboration amicale et bienveillante n’ayant en vue que le bien et le progrès des habitants actuels du pays. Ils tiennent avant tout à garder intacts leur langue, leurs moeurs, leurs usages propres au sein de la grande famille syrienne, à avoir un gouvernement national et démocratique responsable devant une assemblée législative, dans toute l’acception du terme, élue par la population et assistée par les conseils de techniciens anglais. Ils ne veulent pas que l’administration soit envahie, comme elle l’est actuellement, par un nombre exagéré de fonctionnaires britanniques inexpérimentés dont le moindre inconvénient est que leurs gros traitement grèvent lourdement le budget d’un pays que la guerre et les réquisitions turques avaient réduit à une extrême misère. Ils disent ouvertement que si la Grande-Bretagne persiste à vouloir transformer la Palestine en foyer national juif, bien qu’ils ne soient pas à même de s’y opposer par la force, ils n’y souscriront jamais, et qu’ils sont convaincus que cette politique nuira à la réputation de l’Angleterre, car elle portera les peuples à croire qu’elle fait peu de cas du droit des faibles dès qu’elle est assurée d’avoir la force. Ils font observer que le principal, sinon le seul, malentendu sérieux qui avait surgi entre Arabes et Turcs était dû à la politique de «turquisation», que les Jeunes-Turcs avaient voulu suivre en Syrie; à plus forte raison ne voudront-ils pas aujourd’hui être «judaïsés» — politiquement s’entend — à moins d’abandonner complètement la terre où, depuis l’origine des siècles, ont vécu et sont morts leurs ancêtres.
Tel est le sentiment général dont les délégués palestiniens se sont fait l’écho au Congrès de Caïffa.
Voici d’autre part le texte de ia résolution votée par ce Congrès et qui a été transmise à Sir Herbert Samuel ainsi qu’aux représentants des Puissances:
Le Congrès National Palestinien,
Formé par les délégués de toutes les régions de Palestine réunis le 13 décembre 1920 à Caïffa;
Considérant que le pays traverse une grave crise politique et économique;
Que la Question de Palestine fait actuellement l’objet de l’examen de la Société des Nations;
Qu’à aucun moment la Palestine n’a eu un plus grand besoin de l’union et de la solidarité de ses fils;
Considérant que les trois questions primordiales qui s’imposaient à sort attention étaientt: le rejet de la Déclaration Balfour relative au Foyer National Juif, la nécessité de la formation d’un gouvernement national et l’organisation de l’opinion publique;
A mûrement étudié ces divers problèmes durant six jours consécutifs, et a décidé:
1. De publier un rapport compréhensif au sujet de la Question Sioniste et de protester contre l’atteinte portée du chef de la Déclaration Balfour aux droits politiques, sociaux, civils et historiques des palestiniens;
2. De transmettre un résumé dudit rapport et de ladite protestation à la Société des Nations, Gouvernement britannique et aux représentants des Puissances.
3. De demander la formation d'un Gouvernement national responsable devant une Assemblée législative élue par la population de langue arabe établie en Palestine au moment de la déclaration de guerre;
4. De recourir aux meilleurs moyens pour propager l’esprit d”association et de solidarité nationales parmi la population palestinienne;
5. De demander au Gouvernement:
a) La cessation de toute promulgation de lois nouvelles et d’abroger celles qui ont été promulguées récemment, notamment celle relative aux transactions foncières, jusqu’à ce qu’il soit définitivement statué sur le sort du pays et qu’un gouvernement national soit constitué, et b) la réouverture de la Banque Agricole.
6. De demander la levée de l’interdiction de l’exportation des céréales, notamment du maïs et de Aorge, ce qui atténuera considérablement la crise financière qui pèse sur le pays;
7. D’inviter le Gouvernement à améliorer le traitement des prisonniers el l’état des prisons;
8. De former un Comité Exécutif qui siégera à Jérusalem et qui aura pour mission de compléter les travaux du Congrès et d’exécuter ses décisions;
9. D’inviter la nation palestinienne à transmettre audit Comité toutes observulions utiles, et de lui accorder tout son appui dans l’intérêt du gouvernement, de demeurer calme et tranquille et de s’en remettre à Dieu pour assurer le succès de sa sainte cause.
En accusant réception à S. E. Kiazim Pacha, Président du Congrès, de la résolution ci-dessus, M. Deedes, le secrétaire civil, a cru devoir contester le caractère représentatif du Congrès. Mais la presse de Palestine a répliqué immédiatement en attirant son attention sur les faits suivants: que les Associations islamiques et chrétiennes qui ont désigné les délégués au Congrès sont officiellement reconnues par le Gouvernement; qu’elles sont les mêmes qui avaient organisé le premier Congrès palestinien lors du référendum qui a eu lieu pendant l’enquête de la Commission Américaine; que les décisions prises répondent au sentiment unanime de toute la population musulmane et chrétienne de Palestine; et enfin que si le gouvernement avait le moindre doute à cet égard il n’aurait qu’à organiser lui-même un référendum dont le résultat l’édifierait promptement.
Dans le leader par lequel le Morning Post clôturait la remarquable série d’articles de son envoyé spécial en Palestine, le grand journal conservateur anglais s’exprimait en ces termes:
La Déclaration Balfour doit être abrogée. Elie doit être abrogée parce qu’elle est inconséquente, avec elle-même, parce qu’elle insiste, sur deux conditions incompatibles: la fondation d’un Etat National Juif, et la protection des autres nationalités, particulièrement des Arabes qui forment la grande majorité de la population de Palestine.
Cette déclaration ne fut naturellement pas la seule déclaration ambigüe qui eut été faite durant la chaleur et les appréhensions d’un grand conflit et l’ont a le devoir de tenir compte des exigences et des tentations du moment. Néanmoins, les hommes d’Etat doivent maintenant dissiper l’équivoque et l’on en aura bientôt l’occasion lorsque les termes du mandat britannique en Palestine seront définis. Nous souhaitons sincèrement que le mandat sauvegardera explicitement les droits historiques et incontestables des Arabes. Cela ne sérail pas seulement d’accord avec les plus élémentaires principes de justice, mais contribuera à prévenir le danger qui menace gravement nos possessions en Orient. L’assujetissement des Arabes de Palestine au Sionisme pourrait avoir de graves conséquences dans toute l’Asie. Il n’y a déjà que trop de causes de mécontentement pour les Arabes, sans qu’il y ait besoin d’y ajouter délibérément un affront à une race qui, après tout, a tiré l’épée en notre faveur et qui, par son intervention, a fait échouer le plan que l’Allemagne avait ourdi d’une guerre sainte contre les Alliés!
Ainsi concluait le Morning Post au lendemain de son enquête approfondie en Palestine.
Le réveil du Sionisme. – D’un article envoyé au Matin (1-2-21) de Jérusalem, nous extrayons le passage suivant:
La Questione Sionista. |
1. Palestine: La question des frontières
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 253, p. 28
15 gennaio 1921
Anno 14, Nr. 253, p. 28
15 gennaio 1921
La question des frontières.
– Une difficulté assez sérieuse était pendante entre la Syrie
(soumise au mandat français) et la Palestine (soumise au mandat
anglais). Les autorités britanniques de Palestine réclamaient, en
effet, une délimitation territoriale, nettement désavantageuse pour la
Syrie, et des droits de captation d’eau, qui se seraient exercés au
détriment des populations syriennes.
M. Georges
Leygues, au cours de son séjour à Londres, a pu résoudre cette
difficulté directement avec M. Lloyd George. Les réclamations
territoriales britanniques ont été reconnues mal fondées par le
Premier anglais et les populations syriennes garderont en outre intact
leur droit aux eaux et sources: c’est seulemet en cas de trop-plein
que le superflu serait concédé a la Palestine.
La
thèse française a obtenu la-dessus un gain de cause complet. Un accord
définitif précisant ce qui est convenu, interviendra incessamment.
N. D. L. B. — C’est au Matin du 7-12-20 que nous empruntons ces lignes. Nos lecteurs verront, dans notre prochain numéro, que cette note optimiste est loin d’être justifiée.
2. Les stations estivales
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 255, p. 129
15 febbraio 1921
Anno 14, Nr. 255, p. 129
15 febbraio 1921
Les stations estivales. – Notre confrère arabe de Beyrouth Al Bachîr,
apprend de Palestine qu’une importante société s’y est constituée
ayant pour programme de créer des stations estivales palestiniennes qui
concurrenceraient les villégiatures libanaises. La clientèle visée
est la clientèle égyptienne qui a l’habitude de venir, nombreuse,
passer l’été au Mont-Liban.
Cap. 5h
L’attitude du Saint=Siège à l’égard
du protectorat en Palestine
du protectorat en Palestine
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 259, p. 289-294
15 aprile 1921
Anno 14, Nr. 259, p. 289-294
15 aprile 1921
L’attitude du Saint=Siège à l’égard du protectorat en Palestine. – Rome, 17 janvier. — Les journaux recommencent à parler de la question du protectorat en Terre-Sainte.
Le Saint-Siège considère la question du protectorat comme dépendante de la situation politique des territoires dans lesquels ce protectorat devrait s’exercer.
Or, la situation politique en Palestine, par exemple, n’est pas encore bien définie, car jusqu’à présent le traité de Sèvres n’a pas été ratifié et le mandat anglais sur ce territoire n’a pas encore été reconnu.
En conséquence, le Saint-Siège, pour ce qui le regarde, n’a introduit aucune modification dans le statu quo ante.
Un Congrès Palestinien. – Un Congrès Palestinien vient de tenir ses assises à Caïffa. Toutes les villes et régions de Palestine y étaient représentées par des délégués élus par la population ou par les associations musulmanes et chrétiennes qui sont organisées un peu partout. Ils sont choisis parmi l’élite et leurs premières délibérations montrent qu’ils ont une conscience très nette de la lourde lâche qu’ils ont assumée et une claire notion de leurs responsabilités envers le pays. Dès la séance d’ouverture ils ont examiné les problèmes essentiels qu’ils ont été appelés à résoudre: la question de l’établissement d’un gouvernement national palestinien, celle de l’illégalité et de l’illégitimité de la Déclaration Balfour, celle de l’organisation de l’opinion publique, ainsi que divers autres problèmes secondaires. Des commissions spéciales ont été formées pour l’étude de chacune de ces questions et chargées de soumettre le plus tôt possible leurs rapports au Congrès. Celui-ci les discutera et transmettra ensuite ses conclusions à la Grande-Bretagne, aux Puissances, ainsi qu’à la Société des Nations, au nom de toute la population de Palestine.
Est-il besoin de rappeler le sentiment, des Palestiniens! Ils n’ont tout d’abord, aucune difficulté à reconnaître que la Grande Bretagne a des intérêts économiques et politiques considérables en Orient. Ils considèrent, que le respect de ces intérêts est une condition nécessaire d’une bonne entente entre Arabes el Anglais et qui sera profitable aux uns et aux autres. Ces points admis, ils font remarquer que la Palestine fait partie intégrante de la Syrie, que l’intérêt économique, politique et social de celle-là exige qu’elle ne soit point séparée de celle-ci, et que si, au point de vue politique et pour des raisons d’équilibre européen, cette division contre nature était inévitable, il faudrait tout au moins que les relations économiques et sociales de ces deux régions fussent ramenées à ce qu’elles étaient avant la défaite de la Turquie. En d’autres termes, ils demandent la suppression de toutes les formalités de passeport et autres tracasseries administratives qui rendent plus difficiles un voyage entre Jérusalem et Damas qu’entre le Caire et la Chine. Ils estiment que la question du foyer national juif en Palestine, si laborieusement enfantée par M. Balfour et ses collègues, ne repose sur aucun droit que celui de la force. Ils protestent et protesteront toujours de toute leur âme contre cette pure spoliation, quels que soient les adoucissements que l’on apportera dans son interprétation. Ils déclarent, que si le mandat britannique est indispensable en Palestine, il devra être conforme à l’esprit et à la lettre de l’article 22 du Pacte de la Société des Nations et, des principes solennellement, proclamés et acceptés par tous les Alliés, et ne point sortir des limites d’une collaboration amicale et bienveillante n’ayant en vue que le bien et le progrès des habitants actuels du pays. Ils tiennent avant tout à garder intacts leur langue, leurs moeurs, leurs usages propres au sein de la grande famille syrienne, à avoir un gouvernement national et démocratique responsable devant une assemblée législative, dans toute l’acception du terme, élue par la population et assistée par les conseils de techniciens anglais. Ils ne veulent pas que l’administration soit envahie, comme elle l’est actuellement, par un nombre exagéré de fonctionnaires britanniques inexpérimentés dont le moindre inconvénient est que leurs gros traitement grèvent lourdement le budget d’un pays que la guerre et les réquisitions turques avaient réduit à une extrême misère. Ils disent ouvertement que si la Grande-Bretagne persiste à vouloir transformer la Palestine en foyer national juif, bien qu’ils ne soient pas à même de s’y opposer par la force, ils n’y souscriront jamais, et qu’ils sont convaincus que cette politique nuira à la réputation de l’Angleterre, car elle portera les peuples à croire qu’elle fait peu de cas du droit des faibles dès qu’elle est assurée d’avoir la force. Ils font observer que le principal, sinon le seul, malentendu sérieux qui avait surgi entre Arabes et Turcs était dû à la politique de «turquisation», que les Jeunes-Turcs avaient voulu suivre en Syrie; à plus forte raison ne voudront-ils pas aujourd’hui être «judaïsés» — politiquement s’entend — à moins d’abandonner complètement la terre où, depuis l’origine des siècles, ont vécu et sont morts leurs ancêtres.
Tel est le sentiment général dont les délégués palestiniens se sont fait l’écho au Congrès de Caïffa.
Voici d’autre part le texte de ia résolution votée par ce Congrès et qui a été transmise à Sir Herbert Samuel ainsi qu’aux représentants des Puissances:
Le Congrès National Palestinien,
Formé par les délégués de toutes les régions de Palestine réunis le 13 décembre 1920 à Caïffa;
Considérant que le pays traverse une grave crise politique et économique;
Que la Question de Palestine fait actuellement l’objet de l’examen de la Société des Nations;
Qu’à aucun moment la Palestine n’a eu un plus grand besoin de l’union et de la solidarité de ses fils;
Considérant que les trois questions primordiales qui s’imposaient à sort attention étaientt: le rejet de la Déclaration Balfour relative au Foyer National Juif, la nécessité de la formation d’un gouvernement national et l’organisation de l’opinion publique;
A mûrement étudié ces divers problèmes durant six jours consécutifs, et a décidé:
1. De publier un rapport compréhensif au sujet de la Question Sioniste et de protester contre l’atteinte portée du chef de la Déclaration Balfour aux droits politiques, sociaux, civils et historiques des palestiniens;
2. De transmettre un résumé dudit rapport et de ladite protestation à la Société des Nations, Gouvernement britannique et aux représentants des Puissances.
3. De demander la formation d'un Gouvernement national responsable devant une Assemblée législative élue par la population de langue arabe établie en Palestine au moment de la déclaration de guerre;
4. De recourir aux meilleurs moyens pour propager l’esprit d”association et de solidarité nationales parmi la population palestinienne;
5. De demander au Gouvernement:
a) La cessation de toute promulgation de lois nouvelles et d’abroger celles qui ont été promulguées récemment, notamment celle relative aux transactions foncières, jusqu’à ce qu’il soit définitivement statué sur le sort du pays et qu’un gouvernement national soit constitué, et b) la réouverture de la Banque Agricole.
6. De demander la levée de l’interdiction de l’exportation des céréales, notamment du maïs et de Aorge, ce qui atténuera considérablement la crise financière qui pèse sur le pays;
7. D’inviter le Gouvernement à améliorer le traitement des prisonniers el l’état des prisons;
8. De former un Comité Exécutif qui siégera à Jérusalem et qui aura pour mission de compléter les travaux du Congrès et d’exécuter ses décisions;
9. D’inviter la nation palestinienne à transmettre audit Comité toutes observulions utiles, et de lui accorder tout son appui dans l’intérêt du gouvernement, de demeurer calme et tranquille et de s’en remettre à Dieu pour assurer le succès de sa sainte cause.
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En accusant réception à S. E. Kiazim Pacha, Président du Congrès, de la résolution ci-dessus, M. Deedes, le secrétaire civil, a cru devoir contester le caractère représentatif du Congrès. Mais la presse de Palestine a répliqué immédiatement en attirant son attention sur les faits suivants: que les Associations islamiques et chrétiennes qui ont désigné les délégués au Congrès sont officiellement reconnues par le Gouvernement; qu’elles sont les mêmes qui avaient organisé le premier Congrès palestinien lors du référendum qui a eu lieu pendant l’enquête de la Commission Américaine; que les décisions prises répondent au sentiment unanime de toute la population musulmane et chrétienne de Palestine; et enfin que si le gouvernement avait le moindre doute à cet égard il n’aurait qu’à organiser lui-même un référendum dont le résultat l’édifierait promptement.
Dans le leader par lequel le Morning Post clôturait la remarquable série d’articles de son envoyé spécial en Palestine, le grand journal conservateur anglais s’exprimait en ces termes:
La Déclaration Balfour doit être abrogée. Elie doit être abrogée parce qu’elle est inconséquente, avec elle-même, parce qu’elle insiste, sur deux conditions incompatibles: la fondation d’un Etat National Juif, et la protection des autres nationalités, particulièrement des Arabes qui forment la grande majorité de la population de Palestine.
Cette déclaration ne fut naturellement pas la seule déclaration ambigüe qui eut été faite durant la chaleur et les appréhensions d’un grand conflit et l’ont a le devoir de tenir compte des exigences et des tentations du moment. Néanmoins, les hommes d’Etat doivent maintenant dissiper l’équivoque et l’on en aura bientôt l’occasion lorsque les termes du mandat britannique en Palestine seront définis. Nous souhaitons sincèrement que le mandat sauvegardera explicitement les droits historiques et incontestables des Arabes. Cela ne sérail pas seulement d’accord avec les plus élémentaires principes de justice, mais contribuera à prévenir le danger qui menace gravement nos possessions en Orient. L’assujetissement des Arabes de Palestine au Sionisme pourrait avoir de graves conséquences dans toute l’Asie. Il n’y a déjà que trop de causes de mécontentement pour les Arabes, sans qu’il y ait besoin d’y ajouter délibérément un affront à une race qui, après tout, a tiré l’épée en notre faveur et qui, par son intervention, a fait échouer le plan que l’Allemagne avait ourdi d’une guerre sainte contre les Alliés!
Ainsi concluait le Morning Post au lendemain de son enquête approfondie en Palestine.
AL PHILASTINY.
Le Vatican et le Palestine
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 256, p. 172
28 febbraio 1921
Anno 14, Nr. 256, p. 172
28 febbraio 1921
Le Vatican et la Palestine.
– Rome, 19 janvier. Il est déclaré, de source digne de foi, que le
Vatican considère que son attitude, en ce qui concerne la protection
française des Catholiques dans les Lieux Sainte, dépend de la situation
politique des territoires sur lesquels le Protectorat sera exercé. La
situation politique en Palestine n’a pas encore été définitivement
établie vu que le Traité de Sèvres n’a pas encore été ratifié, et que
le mandat britannique n’a pas encore été reconnu par le Saint-Siège. En
conséquence celui-ci n'a pas encore modifié le statu quo ante.
Cap. 9h
La question des frontières
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 256, p. 172
28 febbraio 1921
Anno 14, Nr. 256, p. 172
28 febbraio 1921
La question des frontières.
- La mode des manchettes a été adoptée par certains journaux français
de Syrie, notamment par notre excellent confrère de Beyrouth, Le Réveil. Le 9-2-21 on lisait, en tète de co journal, les lignes suivantes:
NOS FRONTIÈRES
La
catégorie A, dans laquelle rentrent notre mandat syrien, notre mandat
libanais.... comprend les Etals qui doivent rester indépendants et
auxquels les puissances mandataires ont simplement à prêter leur
assistance. — RAYMOND POINCARÉ.
Et le Réveil concluait:
M.
Georges Leygues n’a pas respecté cette définition du mandat, en
signant la Convention du 23 décembre. Cette signature est nulle.
Cap. 10h
Le réveil du Sionisme
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 257, p. 299
15 marzo 1921
Anno 14, Nr. 257, p. 299
15 marzo 1921
Le réveil du Sionisme. – D’un article envoyé au Matin (1-2-21) de Jérusalem, nous extrayons le passage suivant:
Le malaise dont souffre profondément l’Orient s’aggrave, affirme l’Arabe, du fait que des israélites misérables, venus de Russie, de Galicie, de Pologne, de Tchécoslovaquie, pénètrent en Palestine, terre pauvre, sol ingrat, qui déjà nourrit péniblement ceux qui cherchent à en vivre et n’y parviennent pas toujours. L’Angleterre, qui sans doute espère en livrant ce sol le plus souvent inculte, abandonné, à une race besogneuse, mais active et industrieuse, rendre au pays une prospérité que le règne musulman ne lui a jamais procurée, favorise le mouvement pour la création du foyer national juif. Mais l’Arabe, qui est le nombre, ne voit pas sans colère cette invasion le menacer d’un maître plus éloigné moralement de lui que ne l’était le Turc. Le chrétien parait manifester quelques tendances à se ranger à ses côtés, car, fils de la patiente et fructueuse oeuvre civilisatrice des communautés religieuses d’Occident, il se plaisait à considérer la Palestine de demain un peu comme son oeuvre et se croyait destiné à en former l’élite intellectuelle et dirigeante.[N. D. L. R. – On peut lire, d’autre part, les déclarations de M. Sokolow au Matin (9-2-21) et les comparer avec le compte rendu du Congrès palestinien publié ici même (n° 256; p. 160). — M. Sokolow, président du comité exécutif sioniste, a été reçu, le 9 février dernier, par M. Briand].
M. Churchill se renseigne sur la situation
en Palestine et en Mésopotamie
en Palestine et en Mésopotamie
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 257, p. 229
Anno 14, Nr. 257, p. 229
15 marzo 1921
M. Churchill se renseigne sur la situation en Palestine et en Mésopotamie.
– Londres, 20 février. L’agence Reuter croit savoir que le prochain
voyage de M. Winston Churchill en Egypte n’a aucun rapport avec la
question égyptienne. Ce voyage a simplement pour but de faciliter une
enquête du nouveau ministre des colonies sur la situation en Palestine
et en Mésopotamie.
M. Winston Churchill est trop occupé pour entreprendre un voyage aussi long que celui qui serait nécessaire pour s’informer sur les lieux, et l’Egypte a été choisie comme pays le plus propice à une réunion entre lui et les autorités compétentes de la Palestine et de la Mésopotamie.
M. Winston Churchill est trop occupé pour entreprendre un voyage aussi long que celui qui serait nécessaire pour s’informer sur les lieux, et l’Egypte a été choisie comme pays le plus propice à une réunion entre lui et les autorités compétentes de la Palestine et de la Mésopotamie.
Le Congrès arabe de Palestine
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 258, p. 281
30 marzo 1921
Anno 14, Nr. 258, p. 281
30 marzo 1921
Le Congrès arabe de Palestine.
– On télégraphie de Caïffa, le 12 mars, à l’Agence Havas, que le
congrès arabe de Palestine a délégué son comité exécutif auprès de M.
Winston Churchill pour solliciter la mise à exécution des décisions du
congrès de Caïffa.
Ces
décisions sont les suivantes: Rejet des déclarations Ballour, qui
accordent aux Juifs un foyer national en Palestine; demande de création
d’un gouvernement national. [Voir les détails que nous avons publiés
sur ce Congrès dans la Correspondance, n° 206; p. 160].
La presse nationaliste
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 258, p. 281
30 marzo 1921
Anno 14, Nr. 258, p. 281
30 marzo 1921
La Presse Nationaliste.
- Le Gouverneur de Jérusalem a convoqué les directeurs des journaux
nationalistes et leur a fait entendre des menaces. «Dans le cas, leur
dit-il, où vous persisteriez dans voire intransigeance, j’ai reçue
des ordres pour suspendre vos journaux». Ces paroles, dit le journal Bëit-El-Makdesse,
nous stupéfièrent, attendu que ce que nous publions est la pure
vérité. Vouloir nous en faire grief, c’est vouloir anéantir la
résistance de la nation qui ne veut pas se plier au joug israélite et
qui veut faire valoir ses droits-méconnus. [Réveil, 23-2-21].
Une conférence de M. Louis Massignon
sur le sionisme
sur le sionisme
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 258, p. 281
30 marzo 1921
Anno 14, Nr. 258, p. 281
30 marzo 1921
Une conférence de M. Louis Massignon sur le sionisme.
-La Société de Sociologie poursuit son enquête sur les peuples
d’Orient. Elle a consacré ses dernières séances à la Palestine et aux
questions que soulève l’existence des populations mélangées qui y
vivent. Le 9 mars, on abordait le problème du sionisme. Avant la guerre,
le sionisme apparaissait comme un rêve. Le moyen que cette idée d’un
Etat juif palestinien, idée que le Hongrois Herzl, il y a vingt-quatre
ans, répandait, dans le monde par un livre célèbre – le moyen que
cette idée devînt réalité? Mais la grande guerre est survenue et les
prodigieux changements: ils autorisent bien des espoirs! On espérait
beaucoup hier parmi les auditeurs sionistes, nombreux dans la salle, qui
ont applaudi une belle conférence de M. Louis Massignon, chargé de
cours au Collège de France. M. Massignon revient de Palestine, où il a
étudié sur place les données du problème. Elles sont terriblement
complexes, ces données; et tout cela miroite un peu confusément aux yeux
des personnes qui ne sont point initiées. Il n’était pas sans utilité
de dégager de cet ensemble les lignes maîtresses. M. René Worms,
secrétaire général de la Société, l’a fait en un résumé concis et
clair. Il a rappelé que le sionisme est surtout d’intérêt oriental, là
où les Israélites furent, et sont, encore opprimés; alors que ceux de
l’Occident ont des patries auxquelles
ils se montrent attaches, et combien nous l’ont prouvé pendant la
guerre! Et puis ces Orientaux, s’ils affluent en masse dans la région
palestinienne, quels obstacles vont-ils rencontrer, au milieu des
populations où il s’agil de constituer l’Etal juif? Car il n’y a pas là
seulement des Israélites, il y a des musulmans, et en nombre! Mais
les Sionistes ont la foi, la foi qui est persuadée que les idées
gouvernent le monde…
La sort de la Palestine
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 259, p. 289-294
15 aprile 1921
Anno 14, Nr. 259, p. 289-294
15 aprile 1921
Deux
événements assez récents, et auxquels on n’a pas attribué une
suffisante importance en Europe occidentale, appellent notre attention
sur la Palestine: le débat du 14 mars à la Chambre des Lords, et lé
Congrès arabe de Caïffa dont un compte-rendu complet a été publié dans La Correspondance d’Orient du 13 février.
A Londres, lord Curzon a reconnu que la création d’un Etat juif ne répondait pas au voeu de la population, et il a implicitement avoué que la Grande Bretagne avait adopté, en Palestine, une politique contraire au principe des nationalités, puisque cette politique aboutit à donner à une minorité un rôle prépondérant. Il s’en est presque excusé en arguant que le système du foyer juif ayant été inscrit dans le Traité de Sèvres, avait perdu de ce fait son caractère britannique pour prendre un caractère interallié. Il aurait été plus exact de reconnaître que le régime palestinien avait été imposé par l’Angleterre, sur l’initiative de M. Balfour, aux autres Alliés pour lesquels c’était là, en raison du mandat britannique sur la Palestine, une question secondaire.
A Londres, lord Curzon a reconnu que la création d’un Etat juif ne répondait pas au voeu de la population, et il a implicitement avoué que la Grande Bretagne avait adopté, en Palestine, une politique contraire au principe des nationalités, puisque cette politique aboutit à donner à une minorité un rôle prépondérant. Il s’en est presque excusé en arguant que le système du foyer juif ayant été inscrit dans le Traité de Sèvres, avait perdu de ce fait son caractère britannique pour prendre un caractère interallié. Il aurait été plus exact de reconnaître que le régime palestinien avait été imposé par l’Angleterre, sur l’initiative de M. Balfour, aux autres Alliés pour lesquels c’était là, en raison du mandat britannique sur la Palestine, une question secondaire.
D’un
autre côté, il serait facile de répondre à lord Curzon que le Traité de
Sèvres n’est pas intangible, qu’il existe de multiples raisons pour le
soumettre à une sévère revision, et que les légitimes protestations du
Congrès de Caïffa constituent un nouveau motif de réformer ce traité;
car il est apparu que le foyer juif heurtait les sentiments et lès
légitimes volontés de la majorité palestinienne plus gravement encore
qu’on ne pouvait le prévoir.
Mais, avant d’aller plus
loin dans l’examen de ce problème, et pour éviter tout malentendu, nous
tenons à rappeler encore une fois que nous avons toujours considéré les
choses de Palestine en nous plaçant sur le terrain élevé de la liberté
des peuples et sans nourrir la moindre hostilité contre les Israélites.
Nous respectons leur religion à l’égal de toutes les croyances entre
lesquelles se divisent les hommes; nous n’avons pas le moindre préjugé
contre leur race dont nous sommes les premiers à reconnaître les grandes
qualités. Mais il ne nous est pas possible pour des raisons de fait de
considérer qu'ils forment une nationalité, puisque chacun d’eux se
réclame de celle du pays, où il habite et où il jouit maintenant de
droits égaux à ceux des autres citoyens.
Quel que soit
le régime politique de la Palestine, les Israélites du monde entier qui
désirent se fixer sur le sol de leurs ancêtres, devront pouvoir le faire
en toute liberté et y être cordialement accueillis. Mais ils devront
être traités avec ni plus ni moins de faveur ou de défaveur que les
autres habitants du pays; ils ne devront pas jouir de droits spéciaux
sous peine d’opprimer, par cela même, la majorité de la population qui
est musulmane ou chrétienne.
Enfin, nous considérons,
que le sionisme constitue un grâve péril pour les Israélites eux-mêmes,
puisque la simple création de l’Etat juif les exposerait à se voir
contester, dans le monde entier, les droits de cité qu’ils ont eu tant
de peine à acquérir. La plupart des Israélites avisés, de France, et
d’ailleurs, partagent cette opinion et voient d’un assez mauvais oeil
l’application des théories de M. Balfour.
Ceci dit,
revenons au Congrès arabe, dont l’importunée et le retentissement, ont
visiblement troublé les Lords et rendu lord Curzon plus circonspect
qu’il ne l'eût sans, doute été quelques semaines auparavant.
Les
décisions de ce Congrès se ramènent à deux points sur lesquels les
musulmans de Palestine se montrent irréductibles: abandon du système
Balfour, consistant à créer un foyer national juif; constitution d’un
gouvernement national palestinien.
Cette double
résolution paraît avoir causé quelque émoi, car faute d’une, presse
locale reflétant les sentiments du pays, les diplomates qui ont élaboré
la charte sioniste semblaient croire que la population de la Palestine
n’avait ni volonté, ni opinion, qu’on pouvait impunément leur imposer
n’importe quel régime. Seule la propagande sioniste avait jusqu’ici fait
entendre sa voix; comme ses ressources sont larges et ses dirigeants
actifs, elle était parvenue à faire illusion. La presse égyptienne s’est
efforcée non pas de combattre le sionisme, mais d’appeler l”attention
de l’Europe sur lès périls de la prépondérance d’une minorité; elle n’y a
pas entièremnei, réussi, car elle est soumise à une censure étroite.
Le
Congrès dé Caïffa a donc fait l’effet d’un coup de tonnerre dans un
ciel serein. Le Haut Commissaire, sir Herbert Samuel, a essayé aussitôt
d’en atténuer le retentissement et jetant là suspicion sur la qualité
des congressistes, et en propageant immédiatement le bruit que
l’assemblée de Caïffa ne représentait point l’opinion palestinienne.
L’assertion était bien imprudente, car elle eut pour seul effet de
renforcer la portée de la manifestation arabe en provoquant un imposant
mouvement d’adhésion aux voeux du Congrès. De toutes les villes, de tous
les villages affluèrent aussitôt télégrammes et motions émanant de
particuliers influents et de groupements de toute sorte, qui déclaraient
approuver sans réserves et adopter avec enthousiasme les résolutions
prises à Caïffa. Sir Herbert Samuel aurait voulu «tâter l’opinion»,
procéder à une sorte de plébiscite spontané, qu’il n’aurait pas mieux
réussi. Malheureusement pour lui, le résultât de cette espèce de
consultation populaire spontanée, a tourné à sa confusion; la thèse
qu’il entendait combattre en sort plus vivante et plus forte que jamais.
La
délégation qui s'est aussitôt constituée pour aller appuyer, auprès de
M. Winston Churchill, les voeux du Congrès arabe, est venue confirmer
encore la puissance du sentiment populaire. Il n’est plus permis aux
dirigeants de la politique britannique, non plus qu’aux sionistes, de
nourrir la moindre illusion sur l’impopularité de leurs plans.
En
présence de ce mouvement d’opinion, sir Herbert Samuel s’orienta vers
le mode autoritaire. Il déclara qu’il ne connaîtrait le Congrès de
Caïffa que si celui-ci acceptait le mandat britannique et le système
Balfour qui est incorporé dans ce mandat. La condition est spécieuse,
car si les Arabes adoptaient le régime anglo-sioniste qu’on leur
réserve, le Congrès n’aurait plus aucune raison d’être et il n’aurait
point de raison pour prendre contact avec les autorités britanniques,
n’ayant rien à leur dire.
Au fond, sir Herbert Samuel
aurait désiré obtenir, au lieu d’une opposition spontanée, une
approbation enthousiaste et non moins spontanée; il était prêt à ouvrir
les bras à des délégués ayant pour seule mission de remercier la
Grande-Bretagne de ses bienfaits et de son esprit d’équité envers les
peuples. Quelle illusion était la sienne!
Les
Palestiniens paraissent être dans le même état d’esprit que leurs
compatriotes des autres provinces syriennes placées sous le mandat
français. Ils désirent avant tout la création d’un Etat national et le
droit de gérer eux-mêmes leurs propres affaires en conformité des
promesses solennelles faites cent fois par les Alliés au peuples
opprimés.
Cette similitude de sentiments des deux côtés
de la frontière arbitraire qui coupe la Syrie en deux tronçons, est à
retenir, car nous y trouvons un argument en faveur de la restauration de
l’unité syrienne.
Les réclamations des Palestiniens en
faveur d’un gouvernement national sont d’autant plus ardentes qu’ils
n’ont pas, comme les habitants des autres provinces syriennes,
l’espérance de voir leur désir se réaliser bientôt. La France temporise à
Beyrouth et à Damas; elle ne rejette point l’idée d’un Etat souverain
et tarde seulement, a réaliser cette idée.
A Jérusalem,
au contraire, la Grande-Bretagne s’emploie à organiser un régime
politique, et ce régime est précisément l’opposé de celui qu’on réclame,
puisqu’il donne une exorbitante prépondérance à une minorité religieuse
et ethnique.
Il ne faut pas se le dissimuler, le
Sionisme est aujourd’hui en train d’organiser un Etat dans l’Etat. Il
s’organise doucement et méthodiquement, jusqu’au jour où il pourra
prendre carrément la direction des affaires et imposer sa loi aux
majorités. Au lieu d’avoir, comme naguère, des Arabes, des chrétiens et
des juifs gouvernés par des Turcs, on aura alors, en Palestine, des
musulmans, des chrétiens et des juifs gouvernés par des sionistes. Les
Palestiniens auront troqué une théocratie contre une autre. C’est ce
qu’ils n’admettent à aucun prix.
Ils trouvent étrange,
alors que leurs représentants sont ignorés ou boycottés, que le Sionisme
– simple groupement privé, jusqu’à présent – ait une influence
disproportionnée avec l’effectif de ses adhérents. Ils s’étonnent que de
simples particuliers soient assez influents pour avoir pu imposer leur
volonté dans la question de la délimitation de la frontière
syro-palestinienne, pour avoir obtenu que l’hébreu ait la qualité de
langue officielle partout où la proportion des Israélites atteint
seulement 20 % (1). Ils s'étonnent de ce que la Fédération sioniste
prenne les allures que pourrait seul avoir un Parlement légal.
La
politique de négation du droit des peuples et de prépondérance
confessionnelle qui l’emporte aujourd’hui en Palestine, est grave.
L’Angleterre se prépare, par condescendance à l’égard d’une minorité
privilégiée, des difficultés dont elle ne soupçonne pas la gravité. Les
Sionistes – nous disons bien: les Sionistes et non: les Israélites,
puisque beaucoup de ceux-ci, répétons-le, discernent parfaitement les
risques de l'entreprise – les Sionistes, ivres de leurs succès, ne
voient pas les rancunes qu’ils accumulent sur leurs têtes, le mouvement
national qu’ils méprisent, quoique déjà s’affirme sa puissance. Ils
chercheraient à réveiller les anciennes passions antisémites qu’ils
n’agiraient pas autrement.
Ce serait un grand malheur
pour la Palestine que de voir ces passions se déchaîner et faire
obstacle au progrès et à la civilisation. Cependant, cette éventualité
redoutable pour la paix orientale doit être aujourd’hui envisagée. La
Grande Bretagne s’en avisera-t-elle avant qu’il soit trop tard?
(1)
A propos de la question des langues nous sera-t-il permis d’ouvrir une
parenthèse pour remarquer le boycottage évident dont est victime la
langue française, laquelle est pourtant de beaucou la plus répandue dans
le pays?
Cap. 16h
Le Mandat Palestinien
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 259, p. 308-313
15 aprile 1921
Anno 14, Nr. 259, p. 308-313
15 aprile 1921
La délégation britannique a adressé à la Société des Nations, pour être
soumis à son conseil à la prochaine réunion de Genève, le texte suivant
d’un projet de mandat pour la Palestine:
LE CONSEIL DE LA SOCIÉTÉ DES NATIONS,
Attendu que par l’article 132 du traité de paix signé à Sèvres le 10 août 1920, la Turquie a renoncé, on faveur des principales puissances alliées, à tous ses droits et titres sur la Palestine.
Attendu
que par l’article 95 du même traité, les hautes parties contractantes
ont convenu de confier, par application des dispositions de l’article
22, l’administration de la Palestine, dans l’étendue des frontières que
les principales puissances alliées auront à déterminer, à un mandataire
choisi par lesdites puissances;
Attendu que, par le
même article, les hautes parties contractantes ont convenu, en outre,
que la puisssance mandataire aura la responsabilité de donner une
exécution, à la déclaration faite en premier le 2 novembre 1917
par le gouvernement de Sa Majesté Britannique et adoptée par les autres
puissances alliées, en faveur de l’établissement en Palestine, d’un
Foyer national pour le peuple juif, étant bien entendu que rien ne sera
fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des
communautés non juives existant en Palestine ou aux droits et au statut
politiques dont jouissent les juifs dans tout autre pays;
Attendu
que par là on a reconnu le lien historique du peuple juif avec la
Palesinc ct les motifs de reconstruction de son Foyer national dans ce
pays;
Attendu que les principales puissances alliées ont choisi Sa Majesté Britannique comme mandataire pour la Palestine;
Attendu
que les termes du Mandat, concernant la Palestine ont été formulés
comme ci-dessous et soumis au Conseil de la Société des Nations;
Attendu
que sa Majesté Britannique a accepté le mandat relatif à la Palestine
et se propose de l’exercer pour le compte de la Société des Nations,
conformément aux stipulations qui suivent;
Approuve, par les présentes, le texte ci-après dudit mandat.
Article
premier. – Sa Majesté Britannique aura le droit d’exercer comme
mandataire tous les pouvoirs afférents au gouvernement d’un Etal
souverain, sous les réserves que comporte le présent mandat.
Art.
2. – Le mandataire aura le devoir de placer le pays dans des conditions
politiques, administratives et économiques de nature à assurer
l’établissement du Foyer National juif, comme il est formulé dans le
préambule, et le développement d’institutions autonomes, et à
sauvegarder les droits civils et religieux de tous les habitants de la
Palestine, sans distinction de race et ds religion.
Art.
3. – Le mandataire encouragera dans la plus large mesure l’autonomie
communale (self-goveimment) compatible avec les conditions imposées.
Art.
4. – Une administration juive (agency) appropriée, reconnue comme corps
public, agira à titre de conseil en coopération avec le gouvernement de
Palestine dans les questions économiques, sociales et autres qui
peuvent concerner l’établissmcnt du Foyer National Juif et les intérêts
de la population juive en Palestine et, toujours sous le contrôle du
gouvernement, pour seconder le développement du pays et y prendre part.
L’organisation
sioniste, aussi longtemps que son organisation et sa constitution
seront jugées appropriées par le mandataire, sera reconnue comme
l’administration juive qualifiée. Elle prendra, d’accord avec le
gouvernement de Sa Majesté Britannique, des mesures pour assurer la
coopération de tous les juifs qui sont désireux de collaborer à
l'établissement du Foyer National Juif.
Art. 5. – Le
mandataire aura la charge de veiller à ce qu’aucun territoire
palestinien ne soit cédé, loué ou placé, de quelque façon que ce soit,
sous le contrôle du gouvernement d'une puissance étrangère.
Art.
6. – L’administration de la Palestine, tout en garantissant qu’aucun
préjudice ne sera porté aux droits et à la situation des autres éléments
de la population, facilitera l'immigration juive dans des conditions
convenables, et encouragera, en coopération avec l’administration
(agency) juive mentionnée à l’article 4, une colonisation compacte du
pays par les juifs, y compris des terrains domaniaux et, des terres
abandonnées qui ne seront pas réclamées pour des buts publics.
Art.
7. – L’administration do la Palestine devra élaborer une loi sur la
nationalité. Cette loi contiendra des dispositions facilitant
l’acquisition du droit de citoyen palestinien aux juifs qui établissent
leur résidence permanente en Palestine.
Art. 8. – Les
immunités ot privilèges, y compris les bénéfices de la juridiction et de
la protection consulaires, dont les étrangers jouissaient autrefois
sous le régime des Capitulations ou qui étaient en usage dans l’empire
Ottoman, sont définitivement abrogés en Palestine.
Art.
9. – Le mandataire devra veiller à ce que le régime judiciaire établi
on Palestine sauvegarde a) les intérêts de» étrangers; 6) la loi et
(dans la mesure jugée utile) la juridiction actuellement en vigueur en
Palestine dans les questions soulevées par les croyances religieuses de
certaines communautés (comme les lois du Wakouf et le statut personnel).
La puissance mandataire accepte notamment que le contrôle et
l’administration des biens wakoufs soient exercés en conformité avec la
loi religieuse cl les dispositions des fondateurs.
Art.
10. – Jusqu’à ce que soient établis des accords spéciaux d'extradition
concernant la Palestine, les traités d’extradition existant entre la
Puissance mandataire et les autres Puissances étrangères s’appliqueront à
la Palestine.
Art. 11. – L’administration de la
Palestine prendra toutes les mesures nécessaires pour sauvegarder les
intérêts de la communauté ence qui concerne le développement du pays et,
d’après l’article 311 du traité de paix avec la Turquie, elle aura tout
pouvoir pour assurer le droit public de propriété ou le contrôle de
toutes les ressources naturelles du pays ou des travaux publics et
services d’utilité publique qui y sont ou y seront établis. Elle
introduira un régime agraire conforme aux besoins du pays et tenant
notamment compte de l’opportunité qu’il y a à favoriser la colonisation
compacte (close seulement) et la culture intensive du sol.
L’Administration
pourra s’entendre avec l’administration juive (agency) mentionnée à
l’article 4 pour que celle-ci construise ou entreprenne à des conditions
favorables et équitables, tous travaux publics, services et
aménagements d’utilité publique et développe toutes les ressources
naturelles du pays au cas où l’Administration n’en assumera pas
directement l’exécution. Tous les arrangements de cette nature,
pourvoiront à ce qu’aucun profil à répartir directement, ou
indirectement, par ladite administration (agency), n’excède un taux
raisonnable d’intérêts du capital et que tous autres profils soient
utilisés par elle dans l’intérêt du pays et d’une manière approuvée par
l’Administration.
Art. 12. – La Puissance mandataire
sera chargée du contrôle des relations étrangères de la Palestine et du
droit de délivrer l’exéquatur aux consuls nommés par les Puissances
étrangères. Elle a également qualité pour accorder la protection
diplomatique et consulaire aux citoyens de la Palestine en dehors de ses
limites territoriales.
Art. 13. – La Puissance
mandataire assume toute responsabilité au sujet, des Lieux saints et
monuments on sites religieux en Palestine, y compris le respect, des
droits existants, le maintien du libre accès aux Lieux saints, monuments
et sites religieux et du libre exercice du culte, tout on garantissant
les exigences de l’ordre et de la moralité publique: elle ne sera
responsable pour tout ce qui précède, que devant la Société des Nations:
il est entendu, toutefois, que rien dans cet article n’empê la
Puissance mandataire de conclure avec l’Administration tels arrangements
qu’elle peut, juger nécessaires pour assurer l’exécution des
dispositions de cet article; il est entendu également que ce mandat ne
saurait être aucunement interprété comme conférant à la Puissance
mandataire le droit d’intervenir dans la construction ou la gestion des
tombes sacrées purement musulmanes, dont les immunités sont garanties.
Art.
14. – En conformité avec l’article 95 du traité de paix avec la
Turquie, la Puissance mandataire se charge de désigner aussitôt que
possible une Commission spéciale pour étudier et régler toutes les
questions et réclamations relatives aux différentes communautés
religieuses. Il sera tenu compte, dans la composition de cette
Commission, des intérêts religiuseux en cause. Le président de la
Commission sera nommé par le Conseil de la Société des Nations. Cette
Commission aura pour devoir de veiller à ce que certains Lieux saints,
monuments ou sites qui sont l’objet d’une vénération spéciale de sa part
de fidèles de l’une ou l’autre religion, soient confiés au contrôle
permanent d’administrations (bodies) qualifiées représentant les
sectateurs de cette religion.
Le choix des Lieux
saints, monuments ou sites religieux dont la garde sera ainsi organisée,
sera fait par la Commission et soumis à l’approbation de la Puissance
mandataire.
Néanmoins, dans tous les cas prévus par cet
article, le droit et le devoir de la Puissance mandataire de maintenir
l’ordre et la décence dans les lieux en question restent entiers; les
monuments et Lieux saints seront soumis aux dipositions des lois sur les
monuments publics qui
pourront être décrétées en Palestine avec l’approbation de la Puissance mandataire.
Les droits de contrôle conférés par cet article seront placés sous la garantie de la Société des Nations.
Art.
15. – La Puissance mandataire veillera à ce que la pleine liberté de
conscience et le libre exercice de toutes les formes de culte soient
assurés à tous, sous réserve uniquement du respect de l’ordre public et
de la morale. Aucune distinction, de quelque genre que ce soit, ne sera
faite entre les habitants de la Palestine du fait de la race, de la
religion ou de la langue. Aucune personne ne pourra être exclue de la
Palestine pour le seul motif de sa croyance religieuse.
Le
droit reconnu à chaque communauté de conserver ses propres écoles pour
l’éducation de ses propres membres dans sa langue propre (en se
conformant aux obligations de caractère général que l’Administration
peut imposer) ne sera ni contesté ni entravé.
Art. 16. -
Là Puissance mandataire aura la charge d’exercer sur toute entreprise
missionnaire en Palestine telle surveillance que nécessiterait, le
respect de l’ordre public et d’un bon gouvernement. Sous réserve de
cette surveillance, aucune mesure ne sera prise en Palestine pour faire
obstacle à des entreprises de ce genre ou s’y immiscer, ni pour établir
des distinctions à l’égard de tel ou tel missionnaire, à cause de sa
religion ou de sa nationalité.
Art. 17. –
L’Administration de la Palestine peut organiser, par vole d’engagements
volontaires, des forces nécessaires au maintien de la paix et de
l’ordre, et aussi à la défense du pays; elles seront soumises,toutefois,
à la surveillance de la Puissance mandataire, qui ne doit pas les
employer à des buts différents de ceux spécifiés ci-dessus, sauf du
consentement de l’Administration de la Palestine, et en dehors des
objets ci-dessus spécifiés, aucune force militaire, navale ou aérienne
ne devra être créée ou entretenue par l’Administration de la Palestine.
Cet
article n’interdit pas à l’Administration de la Palestine de contribuer
aux dépenses des forées entretenues par la Puissance mandataire en
Palestine.
La Puissance mandataire aura en tout temps
la faculté d’utiliser les routes, chemins de fer et ports de Palestine
pour les mouvements de troupes et le transport de combustible et de
provisions.
Art. 18. – La Puissance mandataire doit
veiller à ce qu’il n’y ait aucune distinction, en Palestine, entre des
nationaux de n’importe lequel des Etats membres de la Société des
Nations (y compris les compagnies constituées sous leurs lois) et ceux
de la Puissance mandataire ou de n’importe quel Etat étranger, en ce qui
concerne les impôts, le commerce ou la navigation, l’exercice
d’industries ou de professions ou le régime des navires on de la
circulation aérienne. De même il ne doit être fait aucune distinction,
en Palestine, entre les marchandises provenant de n’importe lequel
desdits Etats ou lui étant destinées, et il y aura liberté dé transit
sous d’équitables conditions à travers le territoire mandaté.
Sous
réserve des clauses ci-dessus indiquées et de toutes autres disposition
de ce Mandat, l’Administration de la Palestine peut, sur l’avis de la
Puissance mandataire, imposer telles taxes et droits de douane qu’elle
jugera nécessaires et prendre telles mesures qu’elle estimera de nature à
promouvoir le développement des ressources naturelles du pays et à
sauvegarder les intérêts de la population.
Les clauses
de cet article n’empêcheront pas le gouvernement de la Palestine de
conclure, sur l’avis de la Puissance mandataire, des conventions
spéciales de douane, avec un Etat dont le territoire était entièrement
compris, en 1914, dans la Turquie d’Asie ou l’Arabie.
Art.
19. – La Puissance mandataire adhérera, au nom de l’Administration, à
toutes conventions générales internationales déjà existantes ou qui
pourront être conclues par la suite avec l’approbation de la Société de
Nations concernant la traite des noirs, le trafic des armes et munitions
ou le trafic des substances vénéneuses, ou relatives à l’égalité
commerciale, à la liberté de transit et de navigation, à la navigation
aérienne et aux communications postales, télégraphiques et de
télégraphie sans fil, ou à la propriété littéraire, artistique ou
industrielle.
Art. 20. – La Puissance mandataire
coopérera au nom de l’Administration de la Palestine, autant que le
permettront les conditions religieuses, spéciales et autres, à
l’exécution de toutes les mesures de police commune adoptées par la
Société des Nations pour prévenir et combattre les maladies, y compris
celles des règnes végétal et animal.
Art. 21. – La
Puissance mandataire pourvoira, dans les douzes mois qui suivront
l’entrée en vigueur de ce mandat, à la publication et à l’exécution
d’une loi sur les monuments antiques basée sur les dispositions de
l'article 412, XIII partie, du traité de paix avec la Turquie. Cette loi
remplacera l’ancienne loi ottomane des Antiquités et assurera l’égalité
de traitement, en matière de recherches archéologiques, aux nationaux
de tous les Etats membres de la Société des Nations.
Art.
22. – L’anglais, l’arabe et l’hébreu seront les langues officielles de
la Palestine. Toutes les pièces officielles (statement) ou inscriptions
en arabe sur les timbres ou les monnaies en Palestine seront reproduites
en hébreu, et toutes les pièces officielles ou inscriptions en hébreu
seront reproduites en arabe.
Art.
23. – L’Administration de la Palestine reconnaîtra les jours fériés des
diverses communautés comme jours de repos légal pour les membres
desdites communautés.
Art. 24. – La Puissance
mandataire présentera chaque année, au Conseil de la Société des
Nations, un rapport sur les mesures prises en exécution des dispositions
du Mandat. Toutes les lois de réglementations promulguées ou publiées
durant l'année seront jointes au rapport.
Art. 25. – Si
un différend venait à surgir entre les membres de la Société des
Nations sur l’interprétation ou l’application des ces articles, qui ne
puisse être réglé à l’amiable, il sera, soumis à la Cour permanente de
Justice internationale prévue par l'article 14 du règlement de la
Société desNations.
Art. 26. – L’adhésion du Conseil de
la Société des Nations est nécessaire pour toute modification aux
termes du présent Mandat; dans le cas d’une modification proposée par la
Puissance mandataire, l’agrément peut être voté par la majorité de
l’Assemblée.
Art. 27. – A l’échéance de l’expiration du
mandat conféré à la Puissance mandataire par cette déclaration, le
Conseil de la Société des Nations prendra tels arrangements qui pourront
être jugés nécessaires pour sauvegarder à perpétuité les droits assurés
par les articles 13 et 14 et pour faire en sorte que, sous la garantie
de la Société, le gouvernement de la Palestine fasse pleinement honneur
aux obligations financières contractées par l”Administration de la
Palestine pendant la durée du mandat.
[N. D. L. R. ] Ce
projet a été publié par la Jewish Chroniclc et est reproduit et
commenté par une grande partie de la presse. Nous en avons emprunté le
texte à Paix et Droit (février 1921).
La lettre
d’envoi jointe au projet est signée de M. Arthur Balfour. Il y est dit
que, pendant l’élaboration du projet, le gouvernement britannique a été
constamment en consultation avec le gouvernement français et qu’un
accord complet existe entre les deux gouvernements.
Cap. 17h
La Nouvelle Palestine
da: Correspondance d’Orient,
Anno 14, Nr. 259, p. 314-315
15 aprile 1921
Anno 14, Nr. 259, p. 314-315
15 aprile 1921
La Nouvelle Palestine. – Le Bureau Juif de Presse nous communique:
L’organisation Sioniste lance l’appel suivant pour le fonds nécessaire à la reconstruction de la Palestine.
«Le
mandat pour la Palestine qui vient d’être proclamé comme un élément du
droit des peuples, représente pour le peuple juif non seulement un gage
solennel, mais encore une mission de responsabilités et d’obligations.
Le
moment est venu où les forces créatrices du peuple juif – du peuple,
tout entier, sans distinction de classes et d’opinions – doivent s’unir
en vue de la réalisation du problème, qui lui a été confié à la face du
monde, en vue de l’édification du Foyer National Juif.
Cette oeuvre réclame des moyens énormes. C’est pour les trouver qu’à été créée et organisée la Keren Hayesod, le Fonds pour la création de la Palestine.
Il
a été élu un Comité directeur qui a pour mission d’établir, en
collaboration avec des techniciens, un plan systématique d’action
constructive et d’en assurer ensuite la réalisation.
A
côté du Comité Directeur il a été constitué un Conseil économique
composé d’hommes d’affaires et de financiers éminents. Le Conseil
économique s’est chargé d’examiner toutes les entreprises qui seront
envisagées, – dans la mesure où elles pourront être considérées comme
des entreprises productrices dans le sens étroit du mot, – d’en assurer
la réalisation lorsqu’elles auront été approuvées par lui et afin
d’assister de ses conseils le Comité directeur dans l’administration
générale du Fonds.
Le moment où la Keren Hayesod
inaugure son oeuvre est grand et tragique à la fois. Les grandes
puissances ont reconnu le lioen historique, qui existe entre le peuple
juif et la Palestine. La Grande-Bretagne s’est chargée du mandat sur la
Palestine. La gestion de la Palestine a été confiée à un homme d’Etat,
dont la présence à la tête de l’administration est un gage certain de la
bonne volonté de la Grande-Bretagne.
Mais en Europe
Orientale, les deux tiers du peuple juif sont, à l’heure actuelle,
exposés à des souffrances qui dépassent les forces humaines. Des
communautés entières sont exposées au pillage, chassées de leurs foyers,
massacrées sans pitié, livrées aux excès d’une sauvagerie déchaînée
telle que l”Europe n’en a pas vu de pareille depuis des centaines
d’années.
Au seuil de la résurection nationale, les
veux fixés sur la tâche écrasanté qui ne peut pas attendre un jour de
plus, le peuple juif mutilé et ensanglanté est dans l’impossibilité de
lui vouer toutes les forces nécessaires, puisqu’il doit encore tenir
d’une main le glaive pour repousser désespérément les attaques acharnées
qui le menacent d’extermination.
L’ensemble du peuple
juif doit tendre ses forces à l’extrême. En réponse à cette marque de
confiance et de bonne volonté que signifie pour nous le message de San Remo,
en réponse également, à l’explosion de haine sans merci qui ensanglante
l’Europe Orientale, les Juifs de tous pays et de toutes classes ne
peuvent avoir qu’un seul cri: Construisez la patrie juive!
Le
but de la Keren Haycsod est d’inaugurer sans retard une immigration de
plus en plus forte des masses populaires juives en Palestine, suivie de
leur établissement systématique sur des bases économiques saines, pour
le salut des Juifs et pour le bien-être de la population non-juive du
pays.
Cette oeuvre peut être réalisée. La Palestine
peut contenir des millions d’habitants. Des milliers et des milliers de
gens attendent devant ses portes. Donnez-nous les moyens de leur
garantir un travail productif et ils se déverseront dans le pays.
Qui dit immigration
et colonisation, dit acquisition et préparation du sol, construction de
routes, de voies ferrées, de ports et de ponts, plantation d’arbres sur
les collines et les dunes, assèchement des marais, irrigation des
champs et utilisation des chutes d’eau; construction de villes,
dévelopement de l’industrie, des métiers et du commerce, et on même
temps que tout ce travail énorme, toutes mesures utiles en vue du
bien-être social, de la santé publique et surtout de l’enseignement et
du progrès cultural.
Tous ces travaux entrent dans les
plans de la Keren Hayesod. On lui a donné une organisation suffisamment
élastique pour pouvoir facilement faire face à toutes les catégories
d’entreprises. La Keren Hayesod favorisera l’initiative privée, dans la
mesure où elle se conformera aux principes de la justice sociale et du
bien-être national, et il soutiendra en même temps la coopération dans
ses multiples applications.
Notre génération vit à une
époque extraordinaire. Le moment historique, passionnément attendu
depuis vingt siècles, est enfin arrivé. Cette heure ne reviendra pas une
deuxième fois, ni pour nous, ni pour les enfants de nos enfants. C’est
pourquoi notre appel ne s’adresse point à la philanthropie juive. Cet
appel signifie le commencement d’un effort commun qui devra éveiller
dans l’ensemble du peuple juif un écho digne de l’homme du nom juif.
L’effort
extraordinaire que l’on exige aujourd’hui de nous doit prendre la forme
d’un impôt, d’un impôt lourd, continu, systématique et librement
accepté, conformément à la noble tradition juive du Maasser. Il nous
appartient de remettre cette tradition en application et en honneur.
Tous
les peuples de l’univers ploient aujourd’hui sous de lourds impôts pour
assurer leur reconstruction nationale. Nous ne disposons pas du pouvoir
exécutif d’un Etat constitué. Notre appel s’adresse à la conscience
juive et il n’est appuyé par aucune force de coercition. Mais on cette
heure solennelle aucun Juif, qui veut être digne de ce nom et de son
peuple, ne voudra se soustraire à son devoir et à sa responsabilité
personnelle sous le prétexte de l’impuissance de son peuple.
Les
portes de la Palestine ne sont plus fermées à l’intérieur. Si elles
continuent à ne pas s’ouvrir, ce sera de voire propre faute et rien que
de votre faute. Seul, l’esprit de sacrifice du peuple d’Israël tout
entier sera assez puissant pour en écarter des battants et pour les
tenir largement ouverts devant les masses de notre peuple, qui attendent
impatiemment l’heure de la libération».
Top.
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